Lorsque l’on parle de voiture électrique, c’est le nom de Tesla qui vient souvent au premier plan. C’est finalement un bel hommage que l’on rend à ce génial inventeur américain d’origine serbe mort dans le dénuement en 1943.
Tesla pour Tesla Motors donc, société fondée en 2003 par Martin Eberhard, Marc Tarpenning, Ian Wright, Elon Musk et JB Straubel. Elon Musk en est la célébrité, mais surtout le héraut. Tâche dont il s’acquitte avec brio. Et parfois avec outrecuidance aussi ! D’origine sud-africaine, ayant émigré au Canada en 1988 et titulaire d’un doctorat en physique énergétique, l’homme est parfois haut en couleur et pour le moins démonstratif. Par exemple, en mars 2006, lors d’une conférence réunissant des pontes de l’industrie spatiale à Washington, il déclare : « Salut à tous. Je m’appelle Elon Musk. Je suis le fondateur de SpaceX. Dans cinq ans, vous êtes morts ». Depuis, son entreprise est quand même devenue l’une des rares à pouvoir envoyer un satellite en orbite géostationnaire, faisant de facto concurrence au lanceur européen Ariane. Jon Favreau, réalisateur des films Iron Man, affirme que Robert Downey Jr s’est notoirement inspiré de Musk pour son personnage de Tony Stark.
En septembre 2012, Elon Musk présente le projet Hyperloop, nouveau mode de transport (un TGV solaire subsonique capable de déplacer à 1 000 km/h des passagers dans des capsules), dont il souhaite qu’il soit au moins deux fois plus rapide que l’avion et fonctionnant à l’énergie solaire.
Mais revenons à la voiture électrique. La production de série du premier véhicule, le Roadster Tesla, a démarré en début d’année 2008. Le Roadster est une voiture sportive entièrement électrique. Le cours de l’action de cette start-up a plus que décuplé en quatre ans à peine. En juin 2014, Elon Musk rend les brevets de Tesla accessibles à tous. Pour lui :
Si une entreprise dépend de ses brevets, c’est qu’elle n’innove pas ou alors qu’elle n’innove pas assez rapidement. »
L’évolution de la sportive de Tesla permet d’abattre le 0 à 100 km/h en 3,7 secondes. Le Roadster Sport parcourt 340 km par recharge (1).
La berline électrique de Tesla se nomme Model S, nom de code whitestar, rien que ça. En 2013, la Model S a été vendue à 17 650 exemplaires. Pas si mal que ça. La Model 3, officiellement Model III avait au départ le nom de code Tesla BlueStar. Son nom actuel fut annoncé le 16 juillet 2014. Sa commercialisation est est lancé en 2017.
Au niveau de l’autonomie, en comparaison des autres marques à travers le monde, La Tesla Model S est une exception, avec une autonomie qui dépasse les 500 km selon la norme l’EPA, avec un système propriétaire de chargement rapide appelé « Supercharger », qui permet de donner 240 km d’autonomie en 0 h 30, avec une usure de batterie quasiment nulle.
Ailleurs, des voitures et des bus électriques sans batteries (OLEV, pour OnLine electric vehicle) ont été testés en Corée en 2009. Leur moteur est alimenté par induction à partir d’une « voie magnétique » alimentée par un réseau de câbles enfouis à quelques centimètres sous la surface de la route. En juillet 2009, le prototype de bus fonctionnait à 60 % de la puissance initiale avec un écart à la ligne de 12 cm. Selon les auteurs de ce projet, il faudrait quand même l’équivalent de deux centrales nucléaires pour ainsi faire rouler 50 % de toutes les voitures de Corée (6 millions de véhicules), ce qui permettrait d’économiser 35 millions de barils par an, soit près de 3 milliards de dollars (au prix de 80 dollars le baril). Les routes et surfaces des bâtiments proches pourraient un jour produire de l’électricité photovoltaïque pour alimenter de tels systèmes.
La revue We Demain relate que pour éviter la pollution liée à l’industrialisation de la voiture électrique, Belectric Drive, filiale de l’entreprise allemande Belectric, a développé un savoir-faire unique dans les bornes de recharge pour véhicules électriques associées à l’énergie solaire. Depuis 2009, Belectric Drive profite en effet de la spécialisation de sa maison mère, à savoir la conception et la construction de centrales photovoltaïques au sol, sur toitures, sur ombrières, mais aussi sur serres, mises à profit au service de la recharge des véhicules électriques (2).
Une autre innovation : stocker l’énergie d’une voiture électrique dans toute sa structure plutôt que dans une batterie centrale. C’est ce que rend possible un nouveau type de carrosserie en fibre de carbone. En 2013, Volvo a présenté une carrosserie-batterie qui pourrait reléguer à l’histoire les batteries automobiles telles que nous les connaissons. La fibre de carbone qui entre dans la composition de son armature permet de stocker l’énergie. Plus besoin de batterie centrale : les portes, le capot et le toit pourraient ainsi devenir les futures réserves électriques de nos voitures. À la fois plus résistante et plus légère que l’acier, la fibre de carbone est déjà connue pour ses caractéristiques physiques performantes. Mais jamais le matériau n’avait été utilisé par l’industrie comme accumulateur. Fruit d’un programme de recherche de trois ans partiellement financé par l’UE, en collaboration avec l’Imperial College of London, la technologie dévoilée par Volvo repose sur le principe du condensateur. Deux peaux de carbone isolées par une couche de fibre de verre jouent le rôle d’électrodes pouvant être chargées. Elles sont également recouvertes de nanotubes pour en augmenter la surface. La seule limite concerne la sécurité de l’automobiliste. En cas de choc, une telle carrosserie-batterie risquerait de provoquer de dangereux courts-circuits. Cette technologie semble cependant au point mort à ce jour (2022). À suivre donc.
Toujours en Allemagne, BMW et Siemens prévoyaient en 2012 de créer une « autoroute électrique » entre les villes de Leipzig et Munich, distantes d’environ 420 km. Finalement, le système est réservé aux camions et a été installé en 2020 sur l’autoroute fédérale A5 entre l’échangeur Zeppelinheim/Cargo City Süd de l’aéroport de Francfort et l’échangeur Darmstadt/Weiterstadt. Sur un tronçon de 5 kilomètres.
Ailleurs encore, la Norvège a créé un écosystème favorable au décollage de la voiture électrique. Pionnière en matière de véhicule électrique, près de 20 % des voitures neuves vendues roulaient déjà à l’électrique en 2015 dans ce pays. En effet, la Norvège a mis en place une série d’incitations à l’achat de voitures électriques, ce qui en a fait le premier marché européen pour ce type de véhicules. Cet engouement a pris de court le gouvernement qui prévoyait de maintenir les subventions jusqu’à fin 2017 ou bien lorsque le parc atteindrait 50 000 véhicules. Ce seuil a justement été atteint trop rapidement, ce qui n’a pas manqué de provoquer un débat sur le retrait des aides.
On le voit, le concept des voitures électriques n’est pas encore du domaine de l’énergie libre (Tesla fit, paraît-il, rouler un prototype de cette nature en 1937). Mais il faut savoir être patient sur ces questions. Très patient même. Tenez, saviez-vous que c’est au cours de la conférence Experiments with Alternating Currents of High Frequency du 20 mai 1891 à l’université Columbia de New York que Nikola Tesla envisage pour la première fois le concept d’énergie libre :
Dans quelques générations nos machines seront animées grâce à une énergie disponible en tous points de l’univers. […] [En effet,] dans l’espace, il existe une forme d’énergie. Est-elle statique ou cinétique ? Si elle est statique, toutes nos recherches auront été vaines. Si elle est cinétique – et nous savons qu’elle l’est –, ce n’est qu’une question de temps, et l’humanité mettra en harmonie ses techniques énergétiques avec les grands rouages de la nature. »
Ce qui résoudrait aussi, soit dit en passant, l’épineux problème des quantités de minerais utilisées pour les batteries et qui constituent le gros point noir de la technologie actuelle qui équipe les véhicules électriques.
Patience donc…
1. http://fr.wikipedia.org/wiki/Tesla_Motors
2. Pierre-Emmanuel Bayan pour wedemain.fr