Au XIXe siècle, un physicien et médecin canadien, Abraham Pineo Gesner, présente pour la première fois un liquide d’éclairage. Obtenu à partir du charbon puis du pétrole, le kérosène est une véritable révolution. Un siècle et demi plus tard, les scientifiques tentent d’en venir à bout, car ses effets sur la santé et l’environnement sont néfastes. Alors que ce système d’éclairage coûteux a quasiment disparu dans les pays développés, il reste très utilisé dans les zones urbaines et rurales d’Afrique et d’Inde, causant de nombreux accidents domestiques et des maladies respiratoires. Afin de résoudre cette inégalité d’accès à l’énergie, une association anglaise, SolarAid, lance un appel à projets. Le but ? Trouver une solution durable et économique pour éclairer les populations les plus pauvres.
Le challenge est relevé par des ingénieurs londoniens. Martin Riddiford et Jim Reeves ont conçu en à peine quatre ans un système d’éclairage totalement mécanique : GravityLight. Ce dispositif ingénieux repose sur les lois de la pesanteur. Un sac rempli de terre, de sable ou de pierres d’environ 9 kg est suspendu à une ampoule LED via un câble. En tombant, ce poids actionne une dynamo et crée de l’électricité. Cet engrenage permet à l’ampoule d’éclairer durant 20 à 30 minutes (1). Il suffit de remonter le sac pour relancer le processus et produire ainsi de l’électricité indéfiniment. Un fonctionnement qui ressemble beaucoup au mécanisme d’une vieille horloge comtoise.
Il suffit donc de remonter le sac toutes les demi-heures pour continuer à s’éclairer. Et ainsi de suite. Cette lampe d’un nouveau genre vient d’entrer en commercialisation, pour moins de 10 $. En Afrique et en Asie, les habitants de certains villages situés dans des zones rurales non connectées au réseau électrique utilisent déjà ce palliatif aux lampes au kérosène, qui présentent d’importants risques sanitaires et environnementaux. Le suivi de ces premiers usagers permettra à la société d’affiner la conception de sa lampe, et ainsi de mieux répondre aux besoins des populations.
Grâce à cette trouvaille, Martin Riddiford et Jim Reeves ont non seulement répondu au problème environnemental pointé par l’ONG britannique – puisque GravityLight ne nécessite ni combustible, ni énergie solaire, ni batterie –, mais ils ont aussi trouvé une solution économique.
À terme, l’objet devrait coûter moins de 5 dollars. C’est du moins l’objectif que se sont fixé les deux créateurs. Pour atteindre un tel but, les designers ont réalisé un appel de fonds sur le site Indiegogo afin de récolter près de 55 000 dollars. Cette somme devait suffire à fabriquer puis distribuer gratuitement en Afrique et en Inde plus de 1 000 exemplaires du prototype de la lampe, pour tester l’utilisation de GravityLight sur le terrain, mais aussi favoriser la recherche et le développement du produit en vue d’en améliorer la performance.
Grâce à l’enthousiasme des internautes à travers le monde lors de la campagne de crowdfunding, ils sont parvenus à recueillir, en quelques semaines, pas loin de 400 000 dollars ! Un montant inespéré qui devrait leur permettre de réaliser confortablement la phase de test et d’amélioration de GravityLight, mais également de préparer un beau lancement de ce projet.
Les essais sont concluants puisque 92 % des personnes ayant testé le dispositif se déclarent prêts à abandonner leur lampe à kérosène. A suivre donc…
- https://pulse.edf.com/fr/gravitylight-la-theorie-de-newton-appliquee-la-lumiere